Fashion victimes : les plaisirs et périls de la mode du 19ème siècle !



C'est à l'occasion de l'ouverture de l'exposition "Fashion victims : the pleasurs and perils of dress in the 19th century" au Bata Shoe Museum de Toronto, que je vais moi aussi vous parler de mode et poisons !


Les poisons ont toujours eu une grande place, que ce soit en tant qu'arme ou remède, ils ont façonné à leur façon l'histoire.
Au début, ils étaient employés dans la nourriture pour évincer quelques gêneurs - pratique très courante dans l'Antiquité - puis ils ont été relégués au rang de magie au Moyen Age ....
Pour ensuite retrouver leur rang de simples méthodes d'évincement.
Sous la Renaissance, les empoisonnements étaient choses communes, tout le monde empoisonnait tout le monde, mais les principaux acteurs étaient les nobles.

Nous connaissons tous de grands noms ayant utilisé des poisons :
La belle Cléopatre, qui s'est suicidé avec un Aspic, mais ayant préalablement testé Belladone, Hyoscyamus Niger et autres poisons sur des serviteurs.
L'empereur romain Néron s'éclatait avec du cyanur pour réduire le nombre de ses proches.
La famille des Borgia arrivait à ses fins en combinant Arsenic et Cantarella.
En France, l'Affaire des Poisons a fait grand bruit avec l'implication de la Montespan - maitresse de Louis XIV - et de La Voisin.
Arrivants en Angleterre, plusieurs tentatives ont échoué pour empoisonner Elizabeth Ière, sur ordre de l'Empire Espagnol.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale, les nazi les utilisaient également, d'ailleurs ce sont les plus malheureusement connus qui ont mit fins à leurs jours avec des capsules de cyanure : Göring s'est suicidé avec toute sa famille la veille de son procès, mais Hitler et sa femme Eva Braun également.

Mais restons en Angleterre, découverts dans l'Antiquité, ils ont connu leur apogée sous l'ère victorienne.
Les poisons étaient une façon de tuer très à la mode car toujours aussi facile d'utilisation et efficaces, mais avec les nouvelles technologies et médecines, tout a commencé à se compliquer au début du siècle.

Pendant que cette mode commençait à être démantelée, une autre a fait surface : l'industrie de la béauté morbide !
L'ère Victorienne est connue pour sa passion morbide, que ce soit dans la culture, sous le règne de la Reine Victoria, dans les technologies modernes ou dans la beauté.



Le pays a été plongé dans un grand deuil après la perte du Prince Albert De Saxe-Caubourg-Gotha.
La Reine elle même ne s'en est - difficilement - remise qu'au bout de très longues années.
Elle a ainsi plongé le peuple anglais dans une marrée d'habits noirs et autres breloques mortuaires.
Sous le signe de l'austérité le pays a commencé a changer.

L'arrivée de la photographie a d'ailleurs fait des merveilles, mais pas celle que nous pensons ... Avec tous les éléments précédents ajouté à cette nouvelle technologie, sont apparues des photos peu réjouissantes, mais tellement fashion : prendre les proches récemment décédés en photos.
Dans leur lit ou à l'aide d'ingénieux procédés pour les faire tenir debout ou assis, en ayant l'air vivants.
Cette mode était bien entendu réservée à l'élite car la photographie était très couteuse.
Mauvais goût, bonjour !





Plus répandus, les bijoux de deuil étaient monnaie courante.
On privilégiait l'obsidienne noire pour tailler des broches et colliers, les médaillons renfermaient des mèches de cheveux du défunt, des crânes et ossements apparaissaient en relief sur beaucoup de bijoux et les bagues se couvraient de pierres et écrits de deuil.



Ces derniers bijoux se sont longtemps mêlés aux bagues et pendentifs à poisons.
Magnifiques pièces d'orfèvrerie, ils laissaient s'échapper un poison choisi par le propriétaire en s'ouvrant.



Les prescriptions médicales n'étaient pas en reste avec le Laudanum, c'était une préparation à base d'opium adoucie par du sucre, prescrite à tout va pour soigner les maux de ventre, les problèmes de sommeil, ou pour apaiser les irritations.
Tu m'étonne qu'ils se sentaient zen après ...



Plus discrets mais toujours aussi présents, les poisons se sont donc installés dans des objets du quotidien.
Le Bata Shoe Museum, a regroupé une étonnante collection d'artefacts victoriens.
On y retrouvera donc des chaussures, des robes et autres accessoires de beauté.
On connaissait l'enduit de poison sur un vêtement à la Renaissance, pour éliminer le porteur de celui ci, mais en cette ère Victorienne le poison n'a plus ce rôle - bien qu'il ai continué à faire des victimes.

L'enduit de poison sur les tissus était surtout utilisé comme teinture : l'arsenic mélangé à d'autres produits toxiques pouvait prendre une douce teinte mauve.




Mais c'est avec le vert que l'arsenic montrait toute sa beauté avec l'Emerald green - ou Paris green - proche en couleur du Cobalt green - venant du terme Kobold qui était un goblin maléfique Allemagne - qui est lui aussi très toxique.


Le vert, à la base, était simplement obtenu en mélangeant des pigments bleus et jaunes, mais c'est le génial - pas si génial - Carl Wilhelm Scheele qui inventa l'Emerald green en mélangeant de l'arsenic à du bronze.






Cette couleur fût vite adoptée par la majorité des femmes du XIXème siècle en Europe.
Imaginez des millions de belles femmes vêtues de superbes robes vertes, de leurs chaussures et de leurs coiffes assorties...
Cette mode à fait des ravages sur la peau blanche de ces Dames mais également au niveau de leur santé !





Les chapeaux de ses messieurs-dames étaient également recouverts de Mercure pour une apparence plus soyeuse.
Ces produits ont bien sûr été proscrits suite aux nombreuses morts prématurées.
L'arsenic pouvait entrainer vomissements, douleurs abdominales, diarrhées sanguinolentes, cancer de la peau, du poumon, du rein, de la vessie ainsi que maladies cardio-vasculaires et respiratoires.
Le Mercure quant à lui attaquait le sang via les voies respiratoires, le sang, les reins, le cerveau puis le système nerveux.



Mais beaucoup de poisons ont continué d'exister dans plusieurs produits de la vie de tous les jours, comme dans les peintures, que ce soit celles d'artistes peintres ou celles qui recouvraient les murs des salons ...... Et quand il n'y avait pas de peinture, les tapisseries elles mêmes en étaient gorgées.




On retrouve ces histoires de poison dans plusieurs oeuvres, comme dans "Les fleurs du mal" de Baudelaire, "Madame Bovary" de Flaubert, "Le magasin des suicides" de Jean Teulé ou encore dans un manga que j'aime énormément de Kaori Yuki "Comte Cain" et de sa suite "God child" qui reprennent tous ces petits secrets victoriens.

On retrouve encore certains poisons aujourd'hui, que ce soit à mauvais escient - encore utilisés dans certains meurtres - ou dans le domaine médicale; Par exemple, il y a d'infimes quantités de cobalt dans la vitamine B12 - ouaip, je me gave de cobalt tous les jours - ou dans les traitements pour l'anémie.



ENJOY !




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4 commentaires:

  1. Ton article est réellement passionnant j'ai adoré le lire! Bravo :)

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    1. merci beaucoup (j'avais deja repondu mais bug dans la matrice qui a effacé les commentaires) :D

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  2. Ohlala ca fait peur tout ça heureusement qu'on a avancé dans ce domaine

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    1. haha oui heureusement mais nous ne sommes pas encore blanc sur tous les sujets ;)

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